1. Qui es-tu? Décris-toi en quelques mots. / Si tu devais te décrire en quelques mots…
Selam Heart, 25 ans. Artiste autodidacte, guadeloupéenne, passionnée.
Selam signifie « Paix » en amharique, un dialecte éthiopien. L’Ethiopie, berceau de l’humanité, est un pays qu&@i me fascine depuis toute jeune. Je me considère comme une citoyenne du monde, alors l’idée d’avoir un nom qui mêle deux langues différentes en tant que Guadeloupéenne qui en parle deux autres, me plait beaucoup. L’art pour moi se veut en finalité vecteur de paix.
2. Depuis quand t’intéresses-tu à l’art ?
Depuis toute jeune, aussi loin que je m’en souvienne j’ai toujours été créative. Crayons, papiers, peinture et mots ont étés mes meilleurs amis. De plus je suis issue d’une famille d’artistes. L’art m’a toujours bercé, et c’est avec beaucoup d’admiration que je regardais évoluer toute cette créativité autour de moi. Je ramassais des pierres, des morceaux de bois flottés, des fougères et des coquillages. Toujours à coller, casser pour reconstruire. Ma mère disait « Aurore tu va faire quoi de toutes ces cochonneries encore ? » (rire). Et comme toujours je répondais que je ne savais pas, que ça ne servait à rien de me demander maintenant, mais que je trouverais bien le moment venu. Du coup je crois que ça a toujours été là, mais toujours d’une façon tellement évidente que je ne m’en suis pas vraiment rendu compte. Comme le nez en plein milieu de la figure, que tu finis par remarquer quand tu te rends compte que c’est grâce à ça que tu respires.
3. As-tu fait des formations? Si oui, que t’ont-elles apporté ? Envisages-tu d’apprendre de nouvelles techniques ?
J’ai eu l’occasion de prendre quelques cours de dessins avec une de mes cousines qui d’ailleurs réalise des travaux magnifiques. Et j’ai appris à utiliser des outils avec mon père. Mais aucune formation particulière. Mise à part comme tout le monde l’art plastique dans le cursus scolaire. Concrètement les cours d’art plastiques et de musiques étaient mes préférés à l’école. Ça me fascinait littéralement. Deux artistes que j’admire énormément ont d’ailleurs été mes professeurs à l’époque; Jérôme SAINT-LUCE, et Bruno METURA. Ce dernier à été mon professeur au collège, et m’a apporté beaucoup sans même le savoir je pense. Il nous poussait beaucoup dans nos retranchements, sa pédagogie et sa personnalité étaient particulières, et j’y ai accroché. Je voyais ces devoirs comme de véritables challenge, et me forçais toujours à donner mon maximum. J’imagine que oui, je pense qu’on a jamais fini d’apprendre, surtout en tant qu’autodidacte. Un de mes défis serait de me mettre à la peinture à l’huile.
4. As-tu des supports préférés pour la réalisation de tes oeuvres ? Envisages-tu de nouveaux supports pour tes projets ?
Une bonne toile en lin et je quitte terre (rire). J’aime beaucoup peindre sur bois aussi, surtout en résine. Toutefois quand j’esquisse dans ma tête mon projet, le support qui correspond se dégage immédiatement.
Oui toujours, il existe autant de supports, que de perceptions et que d’yeux qui le regarde. Je travaille en ce moment sur des tissus, papier et bois.
5. Ta préférence pour l’art abstrait est indéniable. As-tu eu un déclic pour t’orienter vers ce mouvement?
Quand je me suis lancé sérieusement dans cette route, je me suis promis d’avancer dans l’honnêteté et la liberté. Et c’est dans cette forme que j’ai l’impression d’être la plus honnête. La plus libre. Il n’y pas une façon de faire, de voir ou de ressentir les choses. L’abstrait nous rassemble dans nos différences. Tous égaux devant notre capacité à percevoir, tous unique tant cette perception est propre à nos histoires personnelles.
Alors quand je travaille sur d’autres techniques je reviens toujours vers l’abstrait.
6. Que t’inspire le mélange entre art et nature ?
La nature sera toujours la plus belle oeuvre d’art. Qu’on néglige, qu’on abîme, comme s’il elle nous était due. Je m’en inspire beaucoup. Mon aïeul était un indien de Guadeloupe, illettré et analphabète. Mais personne ne connaissait la nature mieux que lui. L’observation était la clé. Il parlait très peu mais avait un savoir inestimable. Il me fascinait, littéralement. Et il a transmis cet amour, à mon père; qui m’a appris le respect de la nature.
J’ai grandi sur la mer, et passais mes après midi dans le jardin; à apprendre comment planter et à quoi servaient nos « rimèd razyé » (plantes médicinales).
J’ai appris à ne pas écraser le plus petit insecte car il avait sa place dans l’écosystème et à ne prendre que ce dont on avait vraiment besoin. J’ai beaucoup perdu de cet enseignement; mais c’était un art de vivre que je tiens a valoriser.
Tout est déjà la en fait, les couleurs, les dégradés, les fondus, les émotions aussi. J’y éprouve le même réconfort quand je peins que lorsque je suis en pleine nature. Et j’ai autant besoin de nature que de peindre. Art et nature, mon indissociable combo.
7. L’art : exutoire ou forme d’expression ?
Je déteste m’ennuyer, je suis toujours occupé à faire quelque chose. Quand j’étais petite je n’avais pas le droit de m’ennuyer. Ma mère me disait que j’avais énormément de chance, que certains enfants dans le monde n’avaient rien et que tant que j’aurais des livres à lire, des crayons pour dessiner et mon imagination pour créer, je ne pouvais pas m’offrir le luxe de m’ennuyer.
Depuis ça, je raconte et je me raconte. Tout mes combats passent par là, et mes victoires aussi. Mais quand j’ai besoin de montrer des choses douloureuses, ça devient un vrai exutoire. J’imagine que l’art est une forme d’expression et comme toute forme d’expression c’est aussi un exutoire.
8. Dirais-tu que l’art est ta seconde peau ? Est-elle l’expression de tes idées ?
Non, je pense que c’est ma véritable peau. Avoir une âme d’artiste chez moi entre mes 4 murs, c’est très simple. Aux yeux de tous c’est autre chose. C’est montrer beaucoup de soi, de ses expériences. C’est une mise à nue constante. J’ai appris à le faire, j’apprends encore d’ailleurs. En me disant que je le fais pour moi certes mais aussi pour l’autre. Pour créer de l’échange. Je crois bien que c’est ce qui me plais le plus. Échanger autours de nos expériences face à au miroir de l’art.
Porter les masques sociaux c’est plus ça ma seconde peau.
@4Evaly
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